Ne me faites pas Boire, je vais chanter la Petite Grenouille.
Classique des partys bien arrosés au Québec, La grenouille (et non pas la petite grenouille comme tout le monde le dit, à commencer par moi-même dans ce senryū) est une chanson unique en son genre. Commençons, si vous le voulez bien, par l’écouter (si la vulgarité pleinement assumée et le mot en «N» ne vous effraient pas).
Dans un article fascinant du Soleil qui date de 2017, Diane, la fille d’André Guitar, raconte la carrière tragique de ce chanteur western dont le principal succès a fini par le tuer. Son papa, avec qui elle formait un duo père-fille, s’est fait arnaquer par sa compagnie de disque et a terminé sa vie alcoolique et en dépression sévère.
En ce qui me concerne, ce qui m’intéresse davantage ici est une particularité méconnue de La grenouille : celle d’être un pot-pourri. Sur la page Wikipedia de la chanson, on raconte que «la chanson figure dans le tome 2 de Rhââ Lovely du bédéiste français Gotlib». Le problème, c’est que l’album de Gotlib contient des bd précédemment publiées dans L’Écho des Savanes, avant la sortie de la chanson, en 1977. Ce serait incroyablement surprenant de toute façon qu’un Français ait entendu un hit western québécois quelques semaines après avoir été en disqué.
La raison de la présence du passage de la brosse à dents dans une case de Gotlib est bien simple: La grenouille est un assemblage d’extraits de nombreuses chansons grivoises, parsemées de sacres québécois qui pimentent à merveille le tout. Même le passage célèbre de «J’en ai fourré des Gaspésiennes» est chanté sur l’air de Mexico de Luis Mariano.
Voilà un beau défi pour les musicologues: identifier toutes les sources de La grenouille. Je vois déjà le titre de la thèse de doctorat: «Chanson grivoise et patrimoine musical graveleux: le cas de La grenouille d’André Guitar». C’est la bourse du CRSH assurée.