Je ne recommande Pas dans le métro de lire Opus Pistorum.
Il existe peu d’ouvrages aussi démesurément et densément pornographiques qu’Opus Pistorum. Ouvrez le livre au hasard et lisez à voix haute ; si quelqu’un vous écoute, je vous mets au défi de lire plus de trois lignes. Et même si vous êtes seul, d’ailleurs…
En 1941, Henry Miller, qui avait cruellement besoin d’argent, propose au libraire Milton Luboviski d’écrire au tarif d’un dollar la page des récits pornographiques pour ses riches clients de Hollywood. Le manuscrit fut dactylographié et seulement cinq copies au carbone furent produites jusqu’à ce que, trois ans après la mort de Miller, il fut publié sous le titre d’Opus Pistorum, du latin de cuisine qui, traduit en anglais, signifie «Miller’s work» (l’oeuvre du meunier).
Le livre en lui-même est un hymne en l’honneur de John Thursday, le protagoniste le plus important des romans de Miller et certainement celui qui a eu le plus d’influence sur sa vie – sa bite. Inutile de chercher ici une trame narrative consistante : on y raconte tout simplement les fredaines des personnages des Tropiques, des Américains jetant leur gourme sous les toits de Paris. Opus Pistorum est un coup de poing. Il n’y a pas une page qui ne choque, qui ne scandalise ou qui ne fait rire aux éclats, avec son cortège d’obscénités rabelaisiennes et misogynes plus grandes que nature : pédophilie, inceste, messe noire, orgies, viols, bestialité, sans oublier quelques lesbiennes, une naine, un savant fou, le millionnaire, sa fille et son épouse. En fait, il ne manque plus que Gilligan à cette bande de joyeux naufragés de l’Amérique puritaine, qui dérivant d’une expérience sexuelle à l’autre, dans une recherche d’absolu qui passe nécessairement par le stupre et la luxure.
Allez, ne soyons pas prudes ! Je vous lis un extrait, comme ça, au hasard :
« Sid veut qu’elle suce sa queue pour pouvoir l’enfiler par-derrière… mais il refuse de mettre son outil dans sa bouche tant qu’elle ne sera pas rincée. La seule façon de se rincer la bouche, ajoute Sid, est avec de la pisse que lui-même est disposé à fournir. Il sort le bidet et… »
Euh… à bien y réfléchir, je crois que je vais vous laisser continuer par vous-mêmes.
Il y a très longtemps, dans une autre vie, j'ai lu Sexus, du même auteur. Je m'en souviens très peu. Clairement, ça ne m'a pas laissé un souvenir indélébile. Pas lu celui-ci, par exemple.