Quatre-cent-quarante-quatrième goutte
Écrire les livres Que je voudrais avoir dans Ma bibliothèque.
Voilà ce qui guide depuis toujours ma pratique de l’écriture. Il y a des livres qui ont besoin d’exister et il faut bien que quelqu’un se dévoue pour les écrire. C’est ce qui est arrivé avec Perdre haleine; un matin, je me suis dit que ce serait bien d’avoir un livre de fiction qui ne porte que sur la masturbation et où la narratrice ne fait que se branler. C’était un livre qui avait besoin d’exister et je suis satisfaite de le voir dans la bibliothèque, glissé entre mes curiosa rares et précieux (c’est très satisfaisant pour mon ego et ça flatte mon orgueil – c’est ça la vraie masturbation, quand on y pense).
Toujours est-il qu’aujourd’hui, c’est la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur·trice. Ne vous laissez pas leurrer par son nom: cette journée concerne beaucoup plus les gouvernements et l’industrie du livre que les gens qui, comme moi, écrivent des livres. Si vous fréquentez les réseaux sociaux aujourd’hui, vous entendrez parler de l’importance de soutenir le livre, de le financer, de l’acheter et patati et patata. On parlera assez peu du fait que l’immense majorité des écrivain·es ne tirent pas de revenus suffisants de leur activité d’écriture pour survivre – et que, réalistement, cette situation ne changera pas dans un futur prévisible. Le problème n’est pas le financement de la littérature en particulier et des arts en général, mais le fait que les moyens de survie soient liés à l’activité productive – au travail.
Vous voulez favoriser le livre, la littérature et les écrivain·es? ABOLISSEZ LE CAPITALISME ET LE TRAVAIL ! Je ne blague pas, la révolution a beaucoup plus de chance de se produire à moyen terme que le miracle qui fera que les gens comme moi se mettent à vivre de leur plume grâce au marché ou aux subventions que les gouvernement de ploutocrates daignent laisser tomber dans leur écuelle.
En attendant le grand soir de l’anarchie, encouragez mes livres en les volant dans les librairies ou en les piratant sur internet. Ça va démontrer votre envie de me lire, je vous serai reconnaissante et ça me donnera la motivation d’en écrire d’autres. Oh, et cognez un fasciste, ça ne devrait pas faire de tort non plus.