Cinq-cent-troisième goutte
Sur les internets Mon lévrier irlandais Est une porn star.
Fonctionnaire à la préfecture de la Seine au début des années 1890, Alphone Momas écrivit un très grand nombre de romans érotiques sous divers pseudonymes : Bébé, Caïn d’Abel, Clic-Clac, Fuckwell, Le Nismois, Léna de Mauregard, Camille Mireille, Mercadette, Pan-Pan, Tap-Tap, Trix, Un Journaliste du Siècle dernier, Zéphyr, Baron C***, Madame B***, V. d’Andorre, Georges de Lesbos, Erosmane, La Baronne de Saint-Amand, et fut le plus prolifique des écrivains pornographiques des années 1890.
Sous le pseudonyme de L’Érotin, il publia en 1921 La femme aux chiens, un des rares curiosa d’avant 1960 qui a pour thème central la zoophilie.
Le roman raconte la lente et honteuse déchéance de Régine Moutiers, une veuve de 28 ans qui, dans sa grande propriété et à l'abri des regards, dresse progressivement une meute de chiens pour assouvir ses pulsions sexuelles. Évidemment, ça finit très mal et la pécheresse et punie par où elle a péché. Le texte joue essentiellement sur le fantasme masculin de la femme à la sexualité incontrôlée et incontrôlable parce que non soumise au mariage et à l’encadrement patriarcal. Régine n’a pas d’homme pour la calmer, voilà pourquoi elle tombe dans une telle déchéance. Autrement dit, elle cède à ses pulsions animales, ce qui la mène à s’accoupler avec des animaux. Elle entraîne même sa femme de chambre Coralie dans son vice, en plus de s’adonner avec elle au saphisme – ce que le texte laisse sous-entendre que c’est dans la même catégorie de perversion.
Je ne sais pas si j’irais jusqu’à vous recommander ce bouquin. Sa valeur réside principalement dans son caractère unique; en 2002, lors de sa publication dans la collection Lectures Amoureuses des de La Musardine, Jean-Jacques Pauvert qualifiait La femme aux chiens de «très curieux et unique en son genre» avant d’ajouter: «l’époque actuelle, dans ses excès littéraires les plus recherchés, n’a rien donné d’approchant – à notre connaissance, du moins».